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Charlotte Godziewski
Projet : Diététique à l’hôpital de Dhulikhel
  

3e rapport
Lundi, 4 Février 2013
Comme le temps passe vite ! Cela fait maintenant trois mois que je travaille ici, et je ne vois pas le temps passer !
  

Depuis mon dernier rapport, j’ai lancé le projet sur le dépistage de la dénutrition. Cela a été très satisfaisant pour moi : Lors de la conférence matinale, j’ai présenté mon projet en appuyant mes arguments sur des preuves scientifiques. Cela a interpelé les médecins, qui m’ont vivement encouragée. La mise en place concrète du dépistage systématique a mis plus de temps que prévu, et la communication avec la cantine pour prescrire un régime hyperprotéiné n’est pas encore toute à fait fluide, mais les progrès sont visibles, et je suis très satisfaite des changements qui ont eu lieu, car ils sont bel et bien là : Les infirmières font le dépistage, mais les mesures à prendre par la suite ne sont pas encore tout à fait intégrées : Je leur rappelle souvent qu’elles sont censées m’appeler pour une consultation si la malnutrition est importante, et je ne doute pas que cela va se mettre en place petit à petit.
  

Un autre objectif atteint a été l’amélioration de la nutrition entérale par sonde/gastrostomie. Après avoir contacté 5 firmes pharmaceutiques différentes, je n’ai malheureusement pas trouvé de fournisseur pour les solutions entérales. Par contre, certains médecins plus influents ont réalisé l’importance de ces solutions, et j’espère qu’à l’avenir, si la possibilité se présente, ils y penseront. J’ai donc dû me résigner à travailler avec des préparations faites à la cantine. J’ai sensibilisé le personnel à l’importance CRUCIALE de l’hygiène dans ce contexte : Les patients recevant une alimentation entérale par sonde sont généralement très affaiblis, et la tuyauterie est un parfait endroit pour la prolifération bactérienne ! J’ai mis en place plusieurs protocols différents (en fonction de la pathologie du patient) pour les horaires et quantités des repas, la composition des différentes solutions, conservées pour une durée limitée.
Un cas particulier m’a motivée pour ce travail : Un jeune homme de 20 ans a été admis aux soins intensifs suite à une encéphalite virale. Son état s’est extrêmement dégradé, les médecins ont dû lui mettre une trachéostomie, il a été alimenté par sonde naso-gastrique pendant longtemps, et était incroyablement maigre, tout à fait dénutri. Les médecins ont ensuite décidé de placer une gastrostomie, ce qui est nettement plus pratique au long terme. Les gastrostomies sont peu courantes ici, et les médecins m’ont désignée entièrement responsable de son alimentation. J’ai donc préparé le protocol et assisté à l’administration de la nourriture, en guidant les jeunes infirmières si nécessaire. Le patient va mieux, sa trachéostomie a été fermée, après 42 jours aux soins intensifs, il est maintenant admis en « Medical Ward ». Je pense que nourrir le patient aussi souvent est une lourde charge pour les infirmières, mais elles font cela parfaitement, le patient a même pris un peu de poids (mais il est toujours beaucoup trop maigre). Depuis, je lui rends visite ce quotidiennement, j’espère vraiment qu’il va s’en sortir, il est sur le bon chemin !
  

A côté de cela, je continue mes séances hebdomadaires pour les patients BPCO avec l’infirmière Pushpanjali, cela se passe très bien, je pense que c’est une bonne initiative, concrête et très importante !
  

Autre projet : Dr. Ram m’a personnellement demandé de travailler partiellement dans la nouvelle cantine de la Kathmandu University. Il s’agit d’une cantine flambant neuve, la cuisine est composée de plusieurs salles différentes, tout est moderne, et le meilleur personnel des cantines de l’hôpital a été recruté pour travailler là. Il souhaite avoir une cuisine « aux normes européennes ». Niveau infrastructure, je travaille avec l’ingénieur, pour améliorer le système d’hygiène: Eviter les contaminations croisées en respectant le principe de « la marche en avant » (= le sale ne doit jamais croiser le propre) Pour cela, il a fallu abattre un mur et ajouter une cloison etc etc. Je travaille avec le chef de cuisine pour établir une systématique, dans le stockage des denrées, les différentes zones de productions... Il va également falloir refaire la séance de sensibilisation à l’hygiène. Il y a beaucoup de travail, mais, comme on part de zéro, la tâche est moins difficile, et la cuisine en elle- même a du potentiel !
  

Lors d’une présentation, j’ai eu l’honneur de rencontrer M. Prabodh, professeur de biochimie à l’Université de Kathmandu. Un homme très intéressant, très intelligent, avec lequel j’ai pu discuter nutrition et biochimie. Suite à ces conversations, il m’a proposé de donner un cours aux étudiants en biologie humaine, au campus de Chaukot. Le cours concernait le lien entre la nutrition et l’athérosclérose. Le professeur a également lancé l’idée d’organiser un séminaire sur des sujets précis liés à la nutrition et la santé cardiovasculaire, en me proposant de présenter un sujet de mon choix. Cela aura éventuellement lieu vers la fin mars.
  

Petit à petit, j’essaie de commencer ma tâche en hémodialyse, même si j’étais fort occupée avec d’autres travaux ces derniers temps.
  

La semaine passée, des étudiantes en infirmerie m’ont demandé mon aide : Elles sont en stage dans un home gériatrique à Bhaktapur et font un travail concernant la nutrition en gériatrie. J’ai suis allée visiter cette maison de repos, et leur ai donné des conseils à ce sujet. Beaucoup de personnes âgées étaient dénutries, certaines avaient même des gros escarres. Je pense que dans certains cas, ces personnes auraient pu être hospitalisées.
  

Finalement, hier ont eu lieu les entretiens d’embauche pour un poste de diététicienne à Dhulikhel Hospital. Je suis tellement heureuse de voir que Dr. Ram et Dr. Koju réalisent l’importance de la place de la diététique en hôpital. Pour moi, il est clair que cela doit faire parti des projets d’avenir. Tout comme ils ont mis en place un service de kinésithérapie, pour moi, la prochaine étape doit être le service diététique. C’est à moi que revenait la responsabilité de préparer l’examen de présélection, ainsi que de participer aux interviews. L’examen écrit englobait le plus possible d’aspects différents de la profession, avec des questions de nutrition pédiatrique, pathologie et chirurgie digestive, diabète, insuffisance rénale etc etc. Malheureusement, les candidates n’étaient pas qualifiés pour le poste. Les études de nutrition, au népal, sont considérées comme sciences sociales, et sont fort orientées vers la santé publique, l’éducation à la santé primaire. Cela n’était malheuresement pas adéquat pour une diététicienne en hôpital. Malgré tout, Dr. Koju n’abandonne pas l’idée d’instaurer la diététique à Dhulikhel, à mon grand plaisir. Affaire à suivre...
  


Charlotte Godziewski Projet : Diététique à l’hôpital de Dhulikhel